Bulletin de l’Association pour Perpétuer
le Souvenir des Internées des Camps de
Brens et de Rieucros

Année 2004 - bulletin n° 2


Mme Angelita BETTINI, Présidente
M. Rémi DEMONSANT, Secrétaire

 


Site Internet : http://apsicbr.free.fr (nouvelle adresse).
Cotisation : Son montant est fixé à un minimum de 10 € pour une adhésion individuelle, à 15 € pour un couple.

Agenda : L’Association prépare activement la IIème Journée Internationale des Femmes, qui aura lieu le Samedi 13 Mars 2004.
Cette journée, avec ses manifestations très variées affirmant un caractère multiculturel, aura, néanmoins, une certaine tonalité espagnole. (voir programme joint à ce bulletin)
La veille, en avant-première, le Récital de Juliette - grâce à un partenariat avec l’Athanor en collaboration avec la Municipalité de Gaillac (voir en page 4 une photocopie du Bulletin culturel de la Scène Nationale d’Albi, “Le Philanthrope” de Janvier - Mars 2004, contenant l’interview de Juliette Nourrédine, personnalité attachante, bel exemple d’intégration et de réussite).

Présentation de la IIème Journée Internationale des Femmes (Samedi 13 Mars)

Nous rappelons que la décision de marquer cette journée historique a été prise en 2002 par l’Assemblée Générale de l’Association dans le but de perpétuer le souvenir des femmes arbitrairement internées à Rieucros, puis à Brens : nous présenterons donc au public, une nouvelle fois, notre Exposition. Le camp de Brens fut, après la fermeture du camp lozérien de Rieucros, le seul camp de femmes de la zone non occupée avec celui de Lalande (près de Tours). Parmi les 1150 détenues qui y ont séjourné ou ont transité de février 1942 à juin 1944, plus d’une centaine de femmes juives - surtout polonaises et allemandes - furent déportées au camp d’extermination d’Auschwitch d’où elles ne sont jamais revenues.
La décision de commémorer chaque année la Journée Internationale des Femmes se justifie pleinement par la double spécificité des deux camps de Brens et de Rieucros: féminine et internationale (25 nationalités différentes à Rieucros et 15 à Brens). Elle se justifie encore davantage par la combativité de “ces femmes superbes et entêtées” (selon l’expression de Michel del Castillo): elles ont, en 1943, transformé la fête des mères - que la direction du camp leur imposait de célébrer alors que beaucoup d’entre elles étaient séparées de leur(s) enfant(s) et empêchées de remplir leur fonction de mère - en manifestation politique aux cris de “Libérez les mères! Libérez les mères!...” A ces raisons historiques s’ajoute notre volonté présente de lutter contre toutes les formes plus ou moins visibles d’enfermement, de discrimination et d’exploitation des femmes.
La Journée Internationale des Femmes aura cette année une tonalité espagnole: participation de la Présidente de la Casa d’Espagne du Tarn, danses populaires espagnoles (association “Menta y canela”) et surtout témoignages de résistantes espagnoles en France (Neus Català, auteur de “Ces femmes espagnoles de la Résistance à la Déportation, aux Editions Tirésias, Conchita Ramos, ancienne déportée). Son mari, José, évoquera la personnalité de sa mère, Josefa, dont la maison de Gaillac a été, après août 1943, le siège de l’Etat-major du 14ème Corps de Guérilleros, puissante armée forte déjà, à la date du 6 juin 1944, de 3500 hommes répartis sur 9 départements du Sud-Ouest.


La table-ronde sur “les femmes et le travail” préparée avec le Centre d’Information et de documentation sur les Femmes et les Familles - qui a travaillé sur ce thème dans le cadre du programme européen “Equal” initié par le Parlement Européen - permettra d’aborder la problématique des femmes par rapport à l’emploi, au travail précaire, au chômage, à la formation, à l’articulation entre vie professionnelle et vie familiale...
La partie “spectacles” de cette journée vise bien sûr à dénoncer les manquements aux droits des femmes (séquence “Poèmes, chansons... “) mais essentiellement à manifester positivement les talents multiples (Contes, poèmes, chansons et danses) des femmes quelle que soit leur nationalité ou leur origine.


Le spectacle du soir “Femme en Danse” permettra de mieux faire connaître la culture de peuples très représentés dans les immigrations du XXème Siècle grâce aux danses du Maghreb et du Moyen-Orient de l’Association Ghayssana et aux danses populaires espagnoles de l’Association “Menta y canela”. Ce spectacle permettra enfin à des femmes et quelques hommes de présenter des improvisations de danses contemporaines (Atelier de danse improvisée de Pascale Moret). Cette chorégraphe nous proposera une création originale “Du féminin au masculin et vice-versa” qu’elle prépare spécialement pour notre Journée Internationale des Femmes avec sa “Compagnie de danse tout terrain”.


Le repas arabo-andalou - clin d’oeil symbolique à l’esprit de tolérance de l’Espagne musulmane des Xème et XIème Siècles - sera proposé par Brigitte Banor.
Le succès rencontré par notre première Journée Internationale des Femmes à Gaillac (2003) nous a encouragé à pérenniser cette manifestation unique dans le Département.


Compléments au Bulletin précédent n° 1 (2004) Nous regrettons quelques oublis dans le paragraphe “L’Association a sorti le camp de femmes de Brens de l’oubli”.

  • D’abord, l’action de Laurent Lagriffoul qui a créé et maintenu un site Internet qui fait l’objet de nombreuses consultations, en particulier du monde scolaire. Désormais, le Bulletin paraîtra avec les coordonnées du site en première page.
  • L’Association, depuis sa création par Charles Couchet (1991), a bénéficié de l’appui du Groupe Vendôme.
  • Lors de l’action menée à Albi à l’Athanor (novembre 2000), Olivier Desbordes (Castres Opéra - Opéra Eclaté) avait intégré dans le “Cabaret Berlinois” des chansons de femmes internées à Brens et à Rieucros.
  • Il fallait lire par ailleurs: “le député Elie Augustin ne put survivre à des conditions éprouvantes”.
    BARBANCE Norbert


Carnet de deuil des anciennes internées des camps de Brens et de Rieucros

  • Michèle Domenech nous a quittés le 22 septembre 2003. Lors de la remise de la Légion d’Honneur par l’ex-ministre Jean-Claude Gayssot le 19 mai 2001, nous avions établi une biographie à partir de l’ouvrage de Raymond Fournier “Terre de Combat”.

    Michèle Domenech, fille d’une famille d’émigrés Espagnols en Languedoc fut employée dans un hôtel restaurant coopératif. Durant sa jeunesse, elle milita activement lors de la guerre civile pour le soutien à la République Espagnole. Elle conduisit sous l’occupation la lutte encore, mais clandestinement et combien plus dangereuse: distribution de tracts dans les paners des ménagères contre Pétain et le régime de Vichy, agent de liaison, responsabilité d’une des plus grandes imprimeries clandestines du Sud de la France près de Tain-l’Hermitage où elle fut arrêtée (2 septembre 1943). Prison de Valence, de Grenoble, puis internement au camp de Brens (22 décembre 1943). Malade, admise à l’hôpital d’Albi (fin mars 1944), opérée et sauvée, elle s’en évada à la suite d’une opération spectaculaire menée par un groupe de francs tireurs partisans (29 avril 1944).
    Elle reprend le combat: elle constitue le “Comité de Femmes de France” dans toute la région Tarn Aveyron, participe aux combats de Carmaux, Jouqueviel et Albi. Après la libération, elle regagna Montpellier et retrouva Marc son mari, militant lui aussi, prisonnier en Allemagne qui, après trois tentatives d’évasion, avait connu le très sévère camp de Rawa-Ruska. Bientôt naquirent Claudine (1946) et Gilbert (1948).
    “Vivre, c’est aimer. C’est construire la vie avec amour. Avec l’Amour. Avec le travail. Lutter, c’est aussi tendre vers le bonheur et la paix!”
    Mais la guerre avait repris au Vietnam: 28 mars 1950: Palais de justice de Montpellier, beaucoup de manifestants, Michèle en tête, pour le procès en appel d’un militant pacifiste. Les CRS chargent, lancent des grenades lacrymogènes. Michèle en reçoit une sur le front. Le liquide coule dans ses yeux.
    Depuis 51 ans, “Michèle mène un nouveau combat. Ah! Toujours un nouveau combat! Un combat contre la nuit. Michèle est aveugle”.
    Michèle Domenech: “mère courage”, au coeur pur, symbole de la volonté de vivre, de lutter et d’aimer.

  • Odette Branger, née Capion, nous a quittés le 6 janvier 2004. Ces quelques lignes correspondent à un fiche biographique contenue dans l’ouvrage de Mechtild Gilzmer “Camps de Femmes”, légèrement modifiée et complétée par des notes de Françoise Nicoladzé.

    Née le 13 décembre 1913 à Montpellier. Communiste, elle est arrêtée le 4 décembre 1940 et internée d’abord à Rieucros puis à Brens.
    Elle est libérée le 6 février 1943 sous contrainte de se présenter quotidiennement au bureau de police le plus proche de son domicile. Contactée par la Résistance - les premiers groupes FTP urbains s’étaient mis en place à Montpellier fin 1942 - elle en devient un membre actif et est chargée d’organiser l’évasion d’un groupe de résistants détenus dans la prison centrale de Nîmes. Elle réussit à y introduire des armes. Sa mission est couronnée de succès; malheureusement, elle est dénoncée.
    Elle est arrêtée et emprisonnée de février à juin 1944 à Lyon. Puis elle est déportée en Allemagne du 1er juillet 1944 au 13 mai 1945 au commando de travail de Beedorf, rattaché à Ravensbruck: “une ancienne mine de sel, où, par une ironie du sort, elle travaille à son corps défendant et souffrant pour l’armement. Comme beaucoup de déportés, elle fut captée par l’industrie allemande dans cette main d’oeuvre à l’infini exploitable à volonté des opposants à Hitler” (Françoise Nicoladzé)
    A son retour en France, on lui remet une carte de combattant volontaire de la Résistance. Elle était également décorée de la médaille militaire avec palme et de la Légion d’Honneur.

Hommage à leur mémoire.

Parution du Bulletin n° 3 en mai ou début juin, avant le Colloque Historique (19 - 20 juin)

A la suite de la parution simultanée des deux articles “Pour une mémoire historique vivante” (Norbert Barbance) et “les Camps de concentration de Brens et de Rieucros” (Nicole Scheffer), nous tenterons d’effectuer des recherches historiques pour établir, si possible, la plus grande clarté concernant les premières rafles de 1941 en zone occupée, la question des visas et celle, cruciale, du traitement par le régime de Vichy des réfugiés allemands, espagnols et italiens en France.
Le bulletin n° 3 permettra après l’Assemblée Générale du 31 janvier, à laquelle 35 personnes ont participé - nombre en progrès sur les années précédentes - de faire le point des débats et discussions qui s’y sont déroulés.
Le nombre d’adhérents établi par notre trésorière Jeannine Audoye (Adresse: 54 Avenue Rhin et Danube 81600 Gaillac) se montait exactement à 100 pour l’année 2003, en décomptant les couples pour deux unités.
Renouvelez, si vous ne l’avez fait, votre adhésion.
D’avance, merci.

 

 

Evénement chanson : Juliette aux côtés des femmes "Le festin de Juliette"
Avant-programme dans la cadre de la saison décentralisée de l'Athanor, scène nationale d'Albi,
en collaboration avec la municipalité de Gaillac, vendredi 12 mars 2004 à 20h30, salle des spectacles de Gaillac.

 

Sans pour autant être militante, celle qui célèbre "l'Eternel féminin" dans son dernier album "Le festin de Juliette" entend soutenir la cause des femmes "tant que l'égalité entre hommes et femmes n'ira pas de soi".

Vous chanterez le 12 mars à Gaillac, à une date proche de la célébration nationale de la Journée de la Femme qui se déroule le 8 mars, vous inscrivez-vous comme une féministe pure et dure ?
C'est une cause que je défendrai tant que la condition de la femme sera menacée et donc sujette à discussion. C'est quelque chose qui me touche sur le plan personnel, qui interpelle la citoyenne que je suis. En tant que chanteuse, je ne revendique pas vraiment de chansons militantes même si j'aime bien glisser quelques clins d'oeil dans mes albums comme dans "L'éternel féminin". Dans ce cas précis, le message est plutôt clair !

Vous avez déclaré : "L'existence des Chiennes de Garde est parfaitement justifiée tant qu'il restera des Thierry Roland".
C'est un beau résumé ! (rires). J'adore dire du mal du machisme au premier degré car je n'arrive pas à croire que des gens éclairés, des savants, des scientifiques établissent encore aujourd'hui des thèses selon lesquelles l'homme aurait une supériorité indiscutable sur la femme. Les hommes ont toujours eu le devoir de protéger les femmes mais notre civilisation a évolué. Il faut se réveiller, le sujet n'est plus d'actualité. On vit dans une société où la femme a autant de place à prendre que l'homme et à tous les niveaux.

En parlant de votre public, vous dites que "le plus dur est de convaincre les maris des abonnées". Est-ce que depuis le début les femmes vous ont soutenue ?
J'ai dit ça pour rire mais finalement je me rends compte que ce n'est pas loin de la réalité. D'ailleurs, cette boutade est partie d'une anecdote. A l'issue d'un de mes concerts, un mari d'abonnée est venu me voir pour me complimenter. Il m'a expliqué qu'il avait accompagné sa femme pour lui faire plaisir et que finalement lui aussi avait passé un bon moment. Depuis, j'essaie d'en convaincre le plus possible et ça a l'air de marcher !

Votre nom est Nourredine. De quelle origine êtes vous ?
Ma famille est kabyle. Mon grand-père est né en Algérie mais je n'y ai jamais vécu. Je suis française à 100% et c'est justement pour cette raison que je ne supporte pas le racisme, c'est une forme de bêtise qui me sidère.

Est-ce que ce lien de sang avec l'Algérie vous a rapproché de ces femmes qui luttent quotidiennement contre l'exclusion ?
Je me sens solidaire de ces femmes algériennes qui se battent pour être considérées comme l'égale de l'homme. C'est peut-être plus difficile d'être féministe là-bas qu'en France mais il ne faut pas oublier que la cause féminine est une lutte de tous les instants ici comme ailleurs. Si je viens chanter à Gaillac, c'est aussi pour soutenir l'action de "l'Association pour Perpétuer le Souvenir des Internées des Camps de Brens et de Rieucros". Je suis originaire du Tarn et cette triste commémoration m'a sensibilisée. Je tiens d'ailleurs à être à leurs côtés et aux côtés de toutes les femmes oubliées.


 

 

Journée internationale des Femmes
Samedi 13 mars 2004 de 14 à 24h
placée sous la présidence de Mme Maria Isabel Auger, Pdte de la Casa d'Espagne du Tarn

 

A partir de 14h, Expositions

  • "Femmes en pays minier", exposition réalisée par la bibliothèque municipale de Saint Benoît de Carmaux
  • "Il n'y a pas d'avenir sans mémoire (Elie Wiesel) - Un camp pour femmes : Brens, 1942-1944", exposition réalisée par l'Association pour Perpétuer le Souvenir des Internées des Camps de Brens et de Rieucros"
  • Exposition picturale de Sophie C. : "Les éphémères" et "Composition couleur".

Stands

  • Centre d'Information et de Documentation pour les Femmes et les Familles (CIDFF) d'Albi
  • Planning familial de Montauban
  • "Groupe Femmes" de l'Association Viars pour l'Insertion Sociale (AVIS) de Gaillac
  • Association pour Perpétuer le Souvenir des Internées des Camps de Brens et de Rieucros

Au cours de l'après-midi, intermèdes dansés par "l'atelier de danse improvisée" de Pascale Moret.

  • 14h30 : Ouverture de la manifestation par Mme Maria Isabel Auger
  • 14h45 : Table ronde sur "Les femmes et le travail" animée par le CIDFF
  • 16h15 : Témoignage de "Femmes espagnoles de la Résistance à la Déportation" avec Neus Catala - auteur de "Ces femmes espagnoles ..." éditions Tirésias - ainsi que Conchita et José Ramos
  • 17h30 : "Motissage", contes multilingues par les femmes conteuses de Cantepau (Act'Al)
  • 18h45 : Poèmes, chansons et musiques par "Les amis de la poésie"
  • 19h30 : Apéritif offert par la municipalité suivi d'un repas "arabo-andalou" préparé par Brigitte Banor.
  • 21h30 : spectacle "Femme en danse"
    • "Point zéro" par l'Atelier de danse improvisée de Pascale Moret.
    • Danses orientales par "Les Ghayssana", groupe ethnographique de traditions du Maghreb et du Moyen-Orient
    • Danses populaires espagnoles par l'association "Menta y Canela"
    • "Du féminin au masculin et vice-versa" par "La compagnie de danse tout terrain" de Pascale Moret, avec Marion Bonafé, Christelle Briard, Anne-Sophie Rozet, Pascale Moret, et Florian Demonsant, accordéoniste improvisateur.

Renseignements et réservations (TAG) au 05.63.57.51.74, du lundi au vendredi (sf mercredi) 9-12h et 14-17h.
L'accès aux spectacles de 17h30 et de 21h30 et au repas est payant :
- avant le 6 mars : 10 € le pass des 2 spectacles et du repas (7 € pour les enfants de moins de 12 ans)
- le jour même : 14 € le pass, dans la limite des repas disponibles
- les 2 spectacles seulement : 8 €, le spectacle du soir seulement : 6 €.

Cette manifestation est organisée en partenariat avec ...
- le Centre d'Information et de Documentation sur les Femmes et les Familles,
- l'Athanor, Scène Nationale d'Albi,
- La Casa d'Espagne,
- l'association Caspe - Gaillac
- le "Groupe Femmes" d'AVIS
... et avec l'aide ...
- de la Délégation Départementale aux Droits des Femmes et à l'Egalité
- du Conseil Régional Midi-Pyrénées
- du Conseil Général du Tarn
- de l'ADDA du Tarn
- de la Municipalité de Gaillac
- de TAG
- des Services techniques de la Mairie de Gaillac

Nous remercions chaleureusement tous ceux qui nous ont aidés à réaliser cette manifestation.