Bulletin de l’Association pour Perpétuer
le Souvenir des Internées des Camps de
Brens et de Rieucros

Année 2004 - bulletin n° 4


Mme Angelita BETTINI, Présidente
M. Rémi DEMONSANT, Secrétaire

 

AOÛT - SEPTEMBRE : mois du souvenir

L'association rappelle à ses adhérents qu'à l'occasion de la commémoration de la Libération de Gaillac, une cérémonie se déroulera devant la stèle du camp de Brens, le Dimanche 22 août à 10h15, établie par la Municipalité, l'Amicale des Anciens Résistants du Groupe Vendôme en accord avec notre association.

Le cortège se dirigera vers le square Joffre où a été édifiée une statue représentant une femme aux mains liées levant le visage vers le ciel, en souvenir de l'itinéraire suivi, non seulement le 26 août 1942 par les déportées juives vers Auschwitz, mais également par la plupart des internées de la gare au camp de Brens ou inversement.

Le 26 août 1942, lors d'une grande rafle antijuive, la plus importante dans la zone non accupée, Brens livre son contingent d'internées : 31. Elles rejoignent au camp de Saint-Sulpice, les autres juifs arrêtés dans tout le département du Tarn avant de partir pour le camp d'extermination. En participant à cette cérémonie, vous contribuerez, par votre présence, à en faire un moment significatif pour l'Association dont vous êtes membre. Soutenue par le groupe Vendôme et des organisations départementales de la Résistance, elle a, comme vous le savez, le désir et la volonté de créer un Lieu de Mémoire sur l'emplacement du camp.

Nous tenons toujours présent en notre esprit qu' "oublier le passé, c'est se condamner à le revivre". Animés de cet état d'esprit - plus jamais ça - nous portons aussi à votre connaissance la cérémonie en hommage aux internés et déportés du camp de Saint-Sulpice, lieu d'emprisonnement et de déportation pour près de 5000 personnes d'Octobre 1940 à Août 1944, avec la présence d'Henri Steiner, l'un des rescapés d'Auschwitz.

Le bulletin n°5 reviendra sur la rencontre du 19 juin 2004 avec les délégués d'Association pour la mémoire d'autres camps (Rieucros, Le Récébédou, Le Vernet, Gurs), la CIMADE et les amitiés Judéo-Lacaunaises, et évoquera la journée du 11 Novembre où sera présenté le spectacle de Gigi BIGOT "Peau d'Âme", en partenariat avec "L'été de Vaour", avec expo, débats, ...

 

 

Commémoration de la libération de Gaillac

 

Madame, Monsieur,

Cette année les cérémonies organisées pour commémorer le 60° anniversaire de la Libération de GAILLAC et des environs en août 1944 et célébrer le souvenir des Résistants tombés pour la France auront lieu le

Samedi 21 août 2004

10h15 : Dépôt de gerbe au Monument Aux Morts de MARSSAC (délégation)
11h : Visite de la stèle de Rivières (délégation)

Dimanche 22 aôut 2004

10h15 : Participation à la stèle du camp de Brens
11h : Rassemblement Place d'Hautpoul pour former un cortège de défilé au Monument aux Morts, suivi de la visite au monument des Déportés au Square Joffre. Retour Place d'Hautpoul. Honneur aux drapeaux.
Après ces cérémonies, vin d'honneur offert par la Municipalité, Maison des Associations
21h : Illumination du Monument aux Morts

Cette cérémonie se déroulera avec la participation de l'Association pour Perpétuer le Souvenir des Internées des Camps de Brens et de Rieucros.

Le président de l'Amicale des Anciens Résistants du Groupe Vendôme, Robert MEGE
Le maire de Gaillac, Charles PISTRE

 

 

Commémoration de Saint-Sulpice

 

Le Maire de Saint-Sulpice et le Conseil Municipal ont l'honneur de vous faire connaître qu'une cérémonie commémorative se déroulera devant la stèle du Camp d'Internement de St-Sulpice, le

Samedi 4 septembre 2004

La mise en place se fera sur les lieux de la cérémonie, à 10h45.
Je vous serai obligé de bien vouloir nous faire l'honneur de votre présence.

 

 

CAMPS D'INTERNEMENT, RESISTANCE et DEPORTATION dans le TARN

Les camps d'internement : ce phénomène est encore méconnu en France, car c'est un phénomène gênant. Ils sont par pudeur nommés ainsi et pour les différencier des camps allemands de la mort, alors que les documents officiels les désignaient parfois par le nom de "camp de concentration".
Être interné, c'est aussi être victime de la barbarie et de l'oppression nazie. Les onditions de détention dans ces camps étaient inhumaines pour les personnes de santé fragile, pour les vieillards, les enfants. Les décès de personnes sous-alimentées et expoées au froid pendant les hivers rigoureux de 1940, 41, 42, 43 et mal soignées, ont été des assassinats délibérés et le régime de Vichy s'est rendu coupable de ces crimes : plus de 4000 morts.

La mise en place d'un système de camp est liée au contexte. C'est de la guerre qu'est né le phénomène concentrationnaire. Il y eut d'abord la guerre d'Espagne : c'est près d'un million et demi d'espagnols qui affluent sur le territoire français. Des camps sont créés dans la hâte dans le sud de la France (par ex. Argelès, et pour le Tarn : Castres, Cordes, Albi - camp Saint Antoine).

Après la déclaration de guerre et la dissolution du Parti Communiste Français (le 26 septembre 1939), ont lieu les premières arrestations de responsables communistes et syndicaux. Pour le Tarn, c'est le château de Montgey qui sert de lieu d'internement et l'armée assure la surveillance. Mais par la suite de l'intensification de la répression, le château devient vitre trop petit et ses occupants sont transférés au camp de Rivel dans l'Aude.

En octobre 1939, les étrangers nationaux des pays ennemis, présents en France sont considérés comme suspects et arrêtés : ce sont des allemands, autrichiens, la plupart des réfugiés fuyant le nazisme. Quelques-uns sont enfermés à Cagnac dans un camp d' "internés civils" sur une propriété des Mines d'Albi, entourée de barbelés dans "2 pavillons à proximité du puits n° 30" rapporte une note du Préfet. En avril 1940, ils sont transférés à Marvejols en Lozère. Après la "drôle de guerre" (septembre 1939-1940) et avant la défaite, il faut faire face dans le sud de la France à l'arrivée de réfugiés. Dans le Tarn comme ailleurs, les autorités réquisitionnent des locaux et construisent des camps : 2 terrains sont choisis pour abriter des centres d'accueil. Le premier à Saint-Sulpice au lieu-dit "Les Pescayres" près de l'Agout, le second à Brens, près du Tarn, au lieu-dit "Les Rives". Les raisons de ces choix sont multiples : une situation géographique proche des départements de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne, donc des liaisons faciles vers Montauban et la RN 20, Albi et le Massif Central, Toulouse et l'Atlantique, Castres et la Méditerranée, et en outre proches de la voie ferrée. Début mai, les travaux sont finis, les 20 baraques en bois ont été construites dans chaque camp et les premiers réfugiés, des belges, arrivent (1500 à Saint-Sulpice, 1000 à Brens). Mais en septembre 1940, ils sont partis.

C'est avec Vichy que ces lieux vont acquérir une autre fonction : celle de prisons.
Le 10 juillet 1940 naît l'Etat Français qui met fin aux libertés. Nombreux sont les parias du régime : communistes, francs-maçons, juifs. La loi du 3 septembre 1940 permet d'arrêter sur simple décision préfectorale les "personnes réputées dangereuses pour la Défense Nationale ou la Sécurité Publique" ; la loi du 4 octobre autorise les préfets à inetrner les juifs étrangers dans des camps spéciaux ou à les assigner à résidence. On revient également sur le processus de naturalisation conférant la nationalité française à bon nombre de réfugiés depuis 1927 ; et l'article 19 de la Convention d'armistice prévoit de remettre au Reich sur sa demande les resortissants allemands. Les camps de Brens et de Sain-Sulpice sont, dans le Tarn, les signes visibles de cette politique d'oppression.
Dès novembre 1940, le camp de Brens devient un "centre d'accueil pour réfugiés juifs étrangers", telle est sa dénomination officielle ; il s'agit de juifs réfugiés à Toulouse, sans ressources. L'initiative d'en héberger une partie à Brens revient aux autorités préfectorales de la Haute-Garonne et au Comité Juif de Bienfaisance de Toulouse, c'est-à-dire à une institution juive aveuglée par Vichy. 1600 personnes (entre novembre 1940 et mars 1941), près de la moitié d'origine polonaise, dont plus de 400 enfants, vont passer 4 mois dans un camp qui n'en est pas véritablement un ; il n'y a pas encore de barbelés, mais à partir de janvier la libre circulation à l'extérieur est interdite.La situation n'est guère brillante : plus de 100 personnes par baraque, les vêtements et les chaussures manquent, pas de lait frais pour les enfants et l'eau potable est en quantité insuffisante ; pas d'infirmerie alors que de nombreux enfants sont atteints d'angines, d'otites et même de congestions pulmonaires. Début mars 1941, les Juifs sont transférés aux camps de Noé et du Récébédou, d'où la plupart partiront en septembre 1942 pour Drancy et Auschwitz ... Brens, pour eux, fut l'une des antichambres de la mort.

Le 16 octobre 1940, un télégramme du ministre de l'Intérieur annonce la "création d'un camp d'indésirables à Saint-Sulpice dans les locaux laissés vacants par les réfugiés". Le 22 janvier 1941, les travaux de clôture du camp sont terminés, il est prêt à recevoir ses prisonniers. Entre fin février 1941 et le 23 aôut 1944, 4600 internés sont passés par Saint-Sulpice. Le premier contingent arrive le 28 janvier : il s'agit de 253 communistes et syndicalistes précédemment détenus au château de Montgey. Ils sont suivis par des internés venant d'Oraison. D'arrivées en arrivées, le 21 février 1941, le camp compte 1047 prisonniers. Mais tous ne sont pas destinés à rester. Ceux qui sont jugés très dangereux pour l'ordre public sont envoyés en Afrique du Nord dans les éprouvants camps de Bossuet, Djelfa et Djenien Bou Rezg, glacials l'hiver , torrides l'été. Près de 200 communistes quittent le sol tarnais pour le Sud Algérien. Certains vont y laisser leur vie, comme E. Augustin, candidat au Parti Communiste Tarnais aux élections de 1936, mort le 16 septembre 1941 à Bossuet.

Le 16 juin 1942, les autorités allemandes et les représentants de Vichy décident la déportation des juifs étrangers de la zone non occupée. Le 26 août 1942 à 5h30, l'arrestation des juifs réfugiés commence dans tout le département. 226 personnes sont rassemblées à Saint-Sulpice : polonais, allemands, autrichiens, tchèques, hongrois, russes. 41 familles entières sont là, certaines fort nombreuses, hommes, femmes, enfants et 3 enfants isolés, sans doute confiés par leurs parents à des familles tarnaises. Le 2 septembre, 5 jous après, 15 camions transportent 224 réfugiés à la gare de Saint-Sulpice, pour le train de nuit vers Drancy. Le 9 et le 11 septembre, deux convois n° 30 et 31 les conduisent à Auschwitz. Des familles entières disparaissent, gazées dès leur arrivée. Il n'y aura que 3 survivants.

Arrivées et départs se succèdent à Saint-Sulpice avec les arrestations d'opposants à Vichy et l'occupation allemande, le prélèvement en vue du S.T.O., le transfert dans d'utres camps. Le 28 juillet 1944, sur l'ordre de l'Intendant Régional de Police de Toulouse, l'évacuation du camp est décidée. Le 30 juillet, 623 internés sont transférés à Toulouse où ils rejoignent les déportés des autres camps de la région. Le lendemain, un train spécial part pour Ravensbruch et Buchenwald. Les 1160 déportés hommes arrivent à destination, le 9 août 1944 au soir, après un voyage long et pénible, sous une chaleur écrasante et les bombardements. 80 sont morts pendant le voyage. Les 1080 rescapés "les 69.000" sont dispersés, 350 sont envoyés dans des Kommandos extérieurs, 350 dans l'enfer de Dora-Mittelbau et 380 restent au camp central de Buchenwald. 500 n'ont pas survécu.

En août 1944, le camp se remplit de résistants arrêtés dans le Tarn ou les départements limitrophes. Dans la nuit du 18 au 19 août, certains s'évadent et le camp est libéré le 23 août.

 

Le camp de Brens commence, plus tard que Saint-Sulpice, sa véritable carrière concentrationnaire : à partir de février 1942, le camp est réaménagé pour devenir "camp de concentration", le mot est directement prononcé par le préfet du Tarn. Il a été décidé d'en faire un camp de femmes, le seul de la zone Sud, après la fermeture de celui de Rieucros jugé trop exigü. Près de 1150 détenus vont y vivre une expérience carcérale.

Le 14 février 1942, 320 femmes arrivent à Brens venant de Rieucros. Le camp est plus petit que Saint-Sulpice (2 ha) et il n'y eut jamais plus de 500 internées. La population y est également plus hétérogène, les internées politiques sont nombreuses, mais elles n'ont formé la majorité absolue qu'après décembre 1943 et la décision du chef de l'Etat de libérer les prostituées. En 1944, leur effectif augmente. Ce sont des militantes du Parti Communiste Français, des épouses de militants, des femmes condamnées pour détention de tracts, pour participation à des manifestations contre le régime de Vichy, contre l'occupant (en particulier des espagnoles qui avaient manifesté à Argelès contre l'envoi en Afrique du Nord d'espagnols républicains), pour protestations contre le ravitaillement, des membres du réseau de résistance ainsi Mme Billoux ou Mlle de la Vigerie.
Les juives sont peu nombreuses. 80 sont passées par Brens. Elles y effectuent un court séjour, étant généralement destinées à être envoyées dans d'autres camps (ex : Le Vernet) ou remises aux autorités allemandes. Leurs départs à chaque fois donne lieu à des manifestations de sympathie envers elles et d'hostilité envers le régime de Vichy (ex: le 26 août 1942, le 21 septembre 1942, le 3 décembre 1943, le 25 mars 1944).
La population est en majorité d'origine étrangère : polonaise, espagnole, autrichienne, russe, italienne, roumaine. Une quinzaine de nationalités coexistent au camp. C'est donc une population cosmopolite, mais c'est aussi une population jeune (60 % a moins de 40 ans). Il y a des enfants au camp (37) et même des naissances. Un enseignement est assuré par une institutrice.
Le 3 juin 1944, le camp de Brens est dissous, les 150 internées sont transférées à Gurs (Hautes-Pyrénées) dans des conditions lamentables.

 

Ces 2 camps ont une administration identique. Ils dépendent du ministère de l'Intérieur, au niveau régional de l'Intendant de Police de Toulouse, et au niveau départemental du Préfet. Sur place, le Directeur a rang de commissaire de Police. Le cadre est un espace clos, de 4 ha pour Saint-Sulpice, entouré de barbelés, avec des guérites, des miradors de garde, des baraques avec des chalits en bois, un chauffage inexistant.
La vie quotidienne est celle de tout univers concentrationnaire ou carcéral ; la promiscuité est grande : en mars 1943, les politiques de Brens obtiennent d'être séparées des condamnées de droit commun et des prostituées, par des bâtiments administratifs. A Saint-Sulpice également, droits communs et trafiquants occupent 2 baraques à part.
Les conditions matérielles laissent à désirer ; le ravitaillement est inférieur à ce qu'il devrait être. A Brens, en septembre 1943, les internées ne reçoivent plus que 200g de pain quotidien au lieu des 400g habituels. Et en février 1944, le chef du camp se plaint de l'état vestimentaire de son personnel qui est pourtant meilleur que celui des internées.
L'état d'esprit est celui de résistant à l'arbitraire et au totalitarisme, les manifestations hostiles à Vichy et à l'occupation allemande sont fréquentes dans les 2 camps : les départs sont l'occasion de manifestations patriotiques et la marseillaise est le chant le plus répandu.
Brens et Saint-Sulpice sont deux camps du régime de Vichy, ce ne sont pas des camps d'extermination, mais ils ont été pour un certain nombre l'antichambre de la mort. 50 internés y ont laissé la vie. Ils révèlent la nature du régime de Vichy et sa complicité avec le 3° Reich, nature et complicité qui se sont exprimée par des rafles, des arrestations, des déportations et des exécutions.

 

Le 20 février 1943, 13 israëlites polonais assignés à résidence à Lacaune depuis le début de la guerre, sont arrêtés, envoyés à Gurs puis à Drancy. Cette rafle était la réponse à l'attentat perpétré le 13 février 1943 contre deux officiers allemands à Paris. 2000 juifs réfugiés en France partirent les 4 et 6 mars par les convois n° 50 et 51, non pas vers Auschwitz, mais vers le camp de Lublin-Majdanek. Le 3 novembre 1943, 18000 prisonniers - hommes, femmes et enfants - furent massacrés à la mitrailleuse au son d'une musique joyeuse. Cette journée fut baptisée par les S.S. "Erntefelst" (fête des moissons). La majorité des victimes étaient originaires de Pologne, mais on comptait aussi 26 autres pays. Les 2000 juifs déportés de France dont ceux de Lacaune, trouvèrent une mort atroce.

Le 25 avril 1943, une mère et ses deux enfants sont arrêtés à Cunac, déportés et disparaissent à Auschwitz ; le 10 août 1943, c'est le cas d'une autre mère et de son enfant de 4 ans, dans ce même village.
Le 4 janvier 1944, la Gestapo perquisitionne à l'hôtel Maurel à Montredon-Labessonnié. Elle tue un israëlite et son fils qui se défendaient et arrête 13 personnes qui sont déportées et toutes exterminées à Auschwitz.
Ainsi, dans tout le département, les juifs sont traqués et déportés.

La déportation n'eut pas uniquement des causes raciales ; l'appartenance politique et syndicale, le refus de l'obéissance aveugle, la lutte contre le régime de Vichy et l'occupant, envoyèrent de nombreux patriotes dans les camps de la mort. Début 1944, 30 communistes du Tarn et de l'Aveyron accusés de distribution de tracts, de reconstitution de parti dissous, sont arrêtés, condamnés et emprisonnés à Eysses avant de partir pour Dachau et Mathausen.
Le capitaine Coulon, qui avait créé une école de cadres, est arrêté le 1° février et déporté. Le 15 février, c'est au tour de 7 habitants de Dourgne et 4 à Arfons. Le 3 mars 1944, une dizaine de réfractaires, le maire, le secrétaire de mairie sont emmenés par les allemands à Toulouse et prennent le chemin des camps.
Le 23 mai 1944 à Castres, l'hôtel du Midi est investi par les allemands, 6 personnes sont arrêtées et déportées.
Ainsi nombreuses seront les déportations en représailles à des accrochages entre maquis et troupes allemandes. Le 22 avil 1944, lors de l'attaque contre le Corps Franc de la Montagne Noire, 2 civils sont emmenés comme otages et meurent en déportation. Le 13 juin, c'est le cas à Lacaune de 2 jeunes, et le 22 juin à Raust après un combat avec le groupe Vendôme.

 

BILAN

 

Faire un bilan de ce que fut RESISTANCE et DEPORTATION dans le TARN est illusoire, car il ne tient pas compte des traumatismes psychologiques laissés dans l'inconscient des populations.
Fin août 1944, on a pu dénombrer près de 8500 résistants, 250 tombèrent victimes de leur patrotisme.
Près de 1020 prisonniers (sans compter les 1600 réfugiés juifs de 1940 à Brens) prirent le chemin des camps de concentration et d'extermination : Auschwitz essentiellement, mais aussi Dachau, Mathausen, Buchenwald, Majdanek, Bergen-Belsen où A. Malroux trouva la mort, Ravensbruck Gross Rosen. 680 d'entre eux ne revinrent pas. Pour d'autres, les camps de Vichy furent aussi les camps de la mort, internés qui disparurent trop faibles dans les camps du Sud Algérien, Saint-Sulpice, Gurs, Le Vernet, Drancy, Compiègne, prison Saint-Michel de Toulouse.

Au total, plus de 900 victimes, auxquelles il faut ajouter les soldats morts dans les combats de 1939-1940, les prisonniers de guerre morts dans les stalags et oflags, les combattants des Forces Françaises Libres et de la 1° Armée Française tués au combat, les travailleurs tarnais envoyés au S.T.O. et victimes des bombardements alliés sur l'Allemagne, les civils tarnais victimes de la barbarie et enfin les rares déportés revenus, trop faibles pour jouir de la liberté retrouvée.

Diana FABRE