Bulletin de l’Association pour Perpétuer
le Souvenir des Internées des Camps de
Brens et de Rieucros

Année 2005 - bulletin n° 2


Mme Angelita BETTINI, Présidente
M. Rémi DEMONSANT, Secrétaire

 


AGENDA MARS 2005


- Samedi 5 mars, à 15h, Salle de l’Auditorium CFP de Brens (Route de Graulhet):
Sortie du film Documentaire “PORTRAITS D’UNION, 42 ans après....”, de Rachid Mérabet et Manu Michard. Cette première projection est suivie d’un débat avec des historiens et le réalisateur.
L’APSECT (Association pour la Promotion Sociale Educative et Culturelle du Tarn), dont le Président est Ali TEBIB, “a souhaité réaliser ce film documentaire sur la communauté Harkie avec la volonté de faire lumière sur ce fait historique douloureux afin de laisser une trace aux générations présentes et à venir dans un devoir de Mémoire”.
Ce film a été réalisé avec la participation de la Préfecture du Tarn, du Conseil Général, du Conseil Régional, de l’ONAC (Office National des Anciens Combattants et Victimes de guerre du Tarn), des villes de Gaillac, Albi, Toulouse, Montauban, des mairies de Lisle sur Tarn et de Castelnau de Montmiral, le Souvenir Français...

Nous avons noué des contacts lors de la Fête des Droits de l’Homme du 29 mars 2003, où l’APSECT était présente par les témoignages (lus) d’Ali TEBIB et de son épouse, et son exposition sur les Harkis. Notre association persévère dans sa démarche d’ouverture et considère comme fondamental d’apporter de nouveaux éclairages sur ce passé douloureux concernant la guerre d’Algérie où diverses mémoires restent blessées. Le camp de la Janade, en lisière de Grésigne, près de Puycelsi, témoigne des conditions d’accueil réservées aux Harkis à leur arrivée en France.
Toutefois, il nous est signalé que le nombre de places est limité. (appeler le 05.63.57.13.99)
Pour les personnes intéressées, une cassette VHS est disponible à la vente auprès de l’APSECT.

- Vendredi 11 et samedi 12 mars: Journée Internationale des Femmes
Cette journée a été annoncée et présentée dans le bulletin précédent (n°1). Vous trouverez ci-joint le programme détaillé des manifestations proposées au Cinéma Nouvel Olympia le vendredi 11, puis à la Salle des Spectacles le samedi 12.

- Jeudi 24 mars: Concert de Carlos Nunez, Salle des Spectacles de Gaillac (Athanor)
Tarif réduit de 13 € pour les membres de l’association. S’adresser à TAG ou à la trésorière.


PS: Pour le fonctionnement de l’association, la cotisation reste inchangée: minimum 10 € (individuel), 15 € (couple). Le règlement peut être adressé à la trésorière:
Jeannine AUDOYE, 54 Avenue Rhin et Danube 81600 GAILLAC

 

 

Des ECHOS MARQUANTS de l’Assemblée Générale

Lors de l’Assemblée Générale du 12 février 2005, au Foyer Rural de Brens, les participants ont insisté sur la nécessité d’ avancer dans notre objectif principal, la création d’un lieu de mémoire et de pédagogie à l’emplacement du Camp de Brens.
A partir du transfert des internées du camp de Rieucros, le 14 février 1942, le camp de Brens est, avec celui de Lalande, près de Tours, le seul camp de femmes de la zone non occupée. Il subsiste à Brens des vestiges qui s’avèrent aujourd’hui d’autant plus précieux qu’ils sont devenus rares - à l’échelle régionale et nationale- en raison des destructions et des dégradations opérées par les hommes et par le temps au niveau de la très grande majorité des camps.
En raison de l’absence d’une véritable politique de la mémoire en France, les vestiges existant à ce jour constituent un Patrimoine précieux, un point d’appui qu’il est urgent de ne pas laisser dépérir, mais au contraire, de conserver et de valoriser pour les générations présentes et à venir.
La France a vécu après la seconde guerre mondiale des décennies d’oubli et d’amnésie: elle a rejeté sur l’Allemagne nazie les pages sombres du régime de Vichy, trop longtemps présenté comme agissant contraint et forcé par les autorités d’occupation, et en quelque sorte, comme un accident dans l’histoire du pays de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. L’urgence s’impose pour tous les pays européens, et plus largement pour l’Occident - la Grande Dépression a pour origine le krach boursier aux Etats-Unis en 1929) - de faire l’inventaire, après le naufrage général du “Continent des Lumières”, et de persévérer dans une archéologie du passé. Pour l’historien Marc Bloch, “L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé”.
Il ne s’agit pas seulement de dégager les causes des dérives vers des abîmes de souffrance mais de mettre en évidence aussi, dans ces heures sombres, les valeurs qui ont uni, face à la barbarie, des femmes et des hommes venus de divers horizons pour reconstruire la démocratie et la République. A vouloir fuir le passé en raison de la conscience de la profondeur du mal, la société française n’a pas mis suffisamment en valeur l’action de tous ceux qui ont oeuvré pour sauvegarder l’Humanité. En se rendant au Chambon-sur-Lignon en 2004, le Président de la République, Jacques Chirac, a rendu enfin hommage symboliquement à cette France qui avait à coeur la défense de valeurs pour lesquelles toute une communauté a pris des risques inouïs.
Rescapé d’Auschwitz, Henri Steiner, membre de notre association, consacre une partie importante de son énergie à retrouver des ”Justes” restés dans l’oubli en raison même de leur discrétion et de leur modestie. Cette Résistance non violente a été trop longtemps occultée. Elle a pris de l’ampleur avec les rafles touchant désormais, durant l’été 1942, enfants, femmes et vieillards et témoigne d’un début d’un mouvement populaire d’une insurrection des consciences, balayant les clivages politiques.
Devant le retour de nouveaux périls liés à la déstabilisation des repères, la France doit revisiter son Histoire en toute lucidité. Qu’elle n’hésite pas à marquer les contrastes entre les ombres et les lumières pour rendre hommage à la Résistance sous toutes ses formes et respecter la complexité humaine! La “mise en examen” d’ordre historique de l’Europe peut permettre de surmonter les défis du présent et de l’avenir si elle prend en compte ce que certains ont appelé la “banalité du bien”, et, en considération, la déshumanisation à l’oeuvre actuellement.
Dans le contexte actuel d’une confusion des esprits, la conscience grandit, à propos des vestiges du camp de Brens, d’une cause d’utilité publique dépassant très largement le cadre local. Une plus vive sensibilité s’est exprimée à ce sujet, soutenue par des représentants des municipalités de Brens (M. Terral et M. de Chanterac) et de Gaillac (S. Bastié) plus que jamais déterminées à agir ensemble dans le cadre de la Communauté des Communes Tarn-Dadou. L’avenir reste difficile, et dépend d’une prise de conscience plus large d’un enjeu très important.

 

 

Lettre à la municipalité de Brens, suite à l’Assemblée Générale le 13 / 02 / 2005

Monsieur le Maire, Messieurs les conseillers

Lors de l’assemblée générale de notre association, le 12 février 2005, l’unanimité des membres présents a souhaité que, sur le territoire de notre commune, soit reconnue la mémoire d’une internée allemande au camp de Brens, Dora Schaul.
Opposante au régime nazi, réfugiée en France, emprisonnée à la déclaration de guerre à la Petite Roquette, internée au camp de Rieucros, puis transferrée à Brens, évadée le 14 juillet 1942, Dora Schaul rejoignit la résistance française à Lyon où elle fournit des renseignements sur les mouvements de troupe de la Wehrmarcht et l’organigramme de la Gestapo de Klaus Barbie.
D’origine juive, elle a échappé par son évasion à la déportation du 26 août 1942 qui a fait du camp de Brens un des maillons de la solution finale, de la Shoah.
Elle symbolise à la fois le refus de l’antisémitisme, le refus des idéologies de préférence nationale, le courage de résister à la machine de guerre de son propre pays.
Elle a été, avec d’autres, un précurseur de la réconciliation franco-allemande qui est désormais une réalité de l’Europe.
A l’heure où l’on commémore le 60ème anniversaire de la libération d’Auschwitz, où les femmes juives internées à Brens ont toutes été déportées et gazées, la municipalité s’honorerait par un geste symbolique en donnant le nom d’une rue ou d’une avenue à cette femme exceptionnelle.
Bien entendu, l’association se chargerait de réaliser la plaque, en accord avec le conseil municipal, et d’organiser la manifestation.
En espérant que cette proposition recevra l’accord du Conseil Municipal, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Maire, Messieurs et Mesdames les conseillers, l’expression de mes meilleurs sentiments.


La Présidente Angelita Bettini